Article réalisé dans le cadre de la séance 1 du séminaire : l'histoire à l'ère numérique, organisé par Christian Herriot
La
mise en place de l'Internet révolutionne l'information dans les années
80 : l'accès, la diffusion, et la création deviennent plus
simples et immédiat.
Dès
la fin de la seconde guerre mondiale en 1945, Vannevar Bush repense
la diffusion d'informations à travers un système appelé « Memex »,
précurseur de l'Internet et de l'hypertexte puisqu'il souhaite à
travers un réseau informatique que l'on puisse consulter des
données, comme par exemple des livres. Pour Vannevar Bush,
l'information est comme la science : elle évolue, elle
progresse. Pour illustrer ce propos, on peut reprendre l'exemple de
la photographie qui donne naissance à la vidéo, grâce à un processus
de superposition d'image. On passe des clichés personnels à
l'information par des médias. On peut étendre sa vision à nos
jours, nous sommes capables d'avoir des reportages en direct sur écran
télévisé, ou encore un accès et une diffusion à ces technologies
qui sont devenues accessible à tous avec Internet. En effet des
plateforme publique ont vu le jour, telle que Youtube qui reçoit
chaque jours des millions d'upload : « 100 hours of
video are uploaded to YouTube every minute.»
Cette
révolution n'est uniquement celle des scientifiques : « It
has been a war in which all have had a part », pour
Vannevar Bush, nous en sommes tous les acteurs.
Ce
qui nous amène à nous demander, en autre vis à vis de l'histoire,
dans quelles mesures peut-t-on numériser la production scientifique
? Quelles sont les limites et contraintes de l'accès aux données
sur Internet ?
La
numérisation des sources
Internet
existe depuis les années 80 et pourtant de nombreuses sources ne
sont pas encore numérisées à l'heure actuelle. Pour Vannevar Bush,
les moyens de stockage de l'information sont dépendant de
l'évolution scientifique et des progrès techniques.
En
effet en 1956, Alain Resnais à travers sa réalisation « Toute
la mémoire du monde »,
introduit la nécessité de trouver de nouveaux moyens de stockage et
à la fois diffuser l'information : «parce que leur
mémoire est courte, les hommes accumulent d'innombrables
penses-têtes. » Le reportage met en évidence le côté
massif et quantitatif des livres, manuscrits etc.. qui composent la
BNF. Il compare les lieux d'entrepôts à une forteresse. Il est
estimé qu'en un siècle, on collecte plus de 3 millions d'ouvrages,
notamment par les dons, les achats, les échanges ou encore le dépôt
légal.
Plusieurs
siècles ont été nécessaire pour créer une méthode d'indexation
logique, pour aboutir à la création des catalogues qui référencent
l'ensemble des documents de la bibliothèque. Par exemple, les
journaux qui représentent la source d'information la plus immédiate
mais le papier de bois, dont ils sont composés, se détériore de
lui-même : il est donc nécessaire d'utiliser la méthode du
microfilm pour les « immortaliser ». L'archivage est
lourd, long mais identique pour chaque document. A l'inverse, en
salle de lecture, le choix de consultation est soumis à la
subjectivité du lecteur et de ses objectifs. Des choix qui peut être
calculés en fonction du temps que requiert la consultation d'un
ouvrage car il faut passer par les salles de stockage des documents
avant d'en avoir accès : un espace qui lors de la réalisation
du film représente 600km de rayons de livres.
Les révolutions de l'information et la profession de l'historien
Dès
les années 60, les historiens veulent donner un nouvel aspect à
leur profession par l'utilisation des ordinateurs. William G.Thomas
explique dans son article comment l'ordinateur a affecté la
discipline mais aussi son enseignement. La première révolution de
l'information s'est faite avec les ordinateurs. En effet le
traitement de données devient plus quantitatif mais aussi plus
rapide. La seconde s'est faite avec Internet, cette fois ce n'est pas
la productivité qui est marquante mais la rapidité et l'accès à
la diffusion de l'information à travers les hypertextes comme cela
est illustré dans les vidéos : The Machine is Us/ing Us,
Information R/evolution. Internet est un usage commun de nos
jours mais il a fallut aux scientifiques un temps d'adaptation. Une
raison qui peut expliquer la prise de conscience tardive de diffuser
les documents sous format numérique.
Cependant,
William G.Thomas, soulignent qu'ils n'y a pas eut un consensus commun
de la part de tout les historiens, pour certains le numérique
représente une sur-quantité d'informations et par conséquent que
ces dernières soient biaisées.
Néanmoins,
l'arrivée du World Wide Web, va secouer une nouvelle fois la
profession tant que pour l'enseignement que pour la recherche. Ce
n'est plus la quantité de l'information, mais la mauvaise gestion de
celle-ci qui effraie les historiens. En effet, l'information est
devenue incontrôlable. Chacun peut se prétendre être un historien
publique qui sans formation ne possède pas la vision objective du
scientifique. Différentes plateformes, comme Wikipedia ont vues le jour.
Le contenu est enrichi bénévolement par les membres inscrits. Une
question se pose alors : devons-nous prendre en considération
ces informations ? Il n'est pas aisé de répondre non à cette
question. En effet, ces données sont basées sur des sources, des
travaux antérieurs et parfois réalisés par des étudiants. Bien
que la question de la légitimité des ces plateformes est
nécessaire, elle n'est pas prioritaire.
En
effet, comment protéger les copyrights et financer la recherche ?
La
numérisation et la mise en ligne des documents ont un coût. Alors
que nous avons mis en évidence la nécessité de disposer d'un espace assez vaste
pour stocker des livres...etc ces derniers assuraient un revenu de
production scientifique par leurs ventes. « The
Library of Congress's National Digital Library, has spent about $60
million to put more than 5 million historical items online between
1995 and 2000–with three-quarters of the funding coming from
private donations. » Comme l'annonce Roy Rozenweig,
certaines institutions peuvent bénéficier de donations importantes.
Cependant, celles qui sont à l'échelle locale, comme les archives
municipales, ne sont pas concernées ou ne profitent pas de la même
générosité. C'est là qu'intervient l'Etat, il attribue des
budgets qui doivent être partagés avec la recherche scientifique.
L'accès à
l'information évolue, elle devient payante en ligne. Alors que les
sites internet privés peuvent se financer à travers des publicités
et rendent gratuit l'accès, le contenu scientifique reste exhaustif
jusqu'à ce qu'un lecteur décide d'en reprendre les données et de
les exporter vers une plateforme en ligne accessible à tous.
Internet a révolution
l'information : elle est immédiate et facile à produire. Une
de ses conséquence est la trans-pluridisciplinarité qui devient de
plus en plus fréquente et elle permet d'obtenir des résultat de
plus en plus précis. Si la productivité de contenu scientifique est
croissante, ce n'est pas pour autant qu'il peut permettre à la
recherche de continuer. On peut nier qu'il y a une crise des fonds
alloués à la recherche. Alors que celle-ci prend du temps, elle est
dupliquée, plagiée, bafouée en quelques secondes sur le web. La
nécessité de protéger les copyrights est devenue primordiale dans
l'intérêt de la recherche. De plus Internet n'a-t-il pas pour autre
conséquence d'amener de façon progressive à la disparition du
livre ?
Références :
Visionner le film d'Alain Resnais (20 mn) "Toute la mémoire du monde"