L'histoire
à l'ère numérique est une nouvelle version de la pratique
historienne. Les nouvelles technologies de l'informations et de la
communication (TIC) sont au cœur du sujet à travers leurs
fonctionnements, utilisations et évolutions. Tout au long de ce
billet, j'essayerai de donner mon point de vue que les thématiques
que nous avons pu étudié lors de nos séances, notamment en
m'interrogeant dans quelles mesures internet révolutionne-t-il
l'accès à l'information ? Comment
l’historien du XXI exploite t'il celle-ci ? Ou encore, comment
se confronte-t-il vis à vis des TIC ?
Internet
révolutionne-t-il l'accès à l'information ? Comment l’historien
du XXI exploite t'il celle-ci ?
A
partir des années 80, l'accès, la diffusion et la création de
l'information est révolutionné par l'Internet. Pour reprendre la
pensée Vannevar Bush, conseiller scientifique du président
Roosevelt et chercheur au MIT, l'information c'est comme la science :
elle évolue. C'est une progression et celle-ci se fait en même
temps que ses moyen de diffusions : du livre à l'internet en
passant par la télévision et la photographie. Dans nos sociétés
on peut constater que l'accès à l'information n'est plus un
problème, en revanche ce qui ce le devient c'est en l’occurrence
cette facilité d'accès : quelles en sont les limites et les
contraintes dans le cadre d'une production scientifique ?
L'accès
est facilité de nos jours certes, mais en ce qui concerne la
numérisation des sources antérieure à la période contemporaine,
l'accès reste difficile et chaotique. En effet en 1956, Alain
Resnais à travers sa réalisation « Toute la mémoire du
monde », introduit la nécessité de trouver de nouveaux
moyens de stockage et à la fois diffuser l'information. Le reportage
met en évidence le côté massif et quantitatif des livres,
manuscrits etc.. qui composent la BNF. Il compare les lieux
d'entrepôts à une forteresse. Il est estimé qu'en un siècle, on
collecte plus de 3 millions d'ouvrages. De plus que la numérisation
des sources a également un double enjeu, en effet, celui
d'immortaliser des documents amener à se détériorer de par leurs
compositions.
Dès
les années 60, les historiens veulent donner un nouvel aspect à
leur profession par l'utilisation des ordinateurs. William G.Thomas
explique dans son article comment l'ordinateur a affecté la
discipline mais aussi son enseignement. Le traitement de données
devient plus quantitatif mais aussi plus rapide. Une seconde
révoltion s'est faite avec Internet, cette fois ce n'est pas la
productivité qui est marquante mais la rapidité et l'accès à la
diffusion de l'information à travers les hypertextes comme cela est
illustré dans les vidéos : The Machine is Us/ing Us,
Information R/evolution.
Internet
est un usage commun de nos jours mais il a fallut aux scientifiques
un temps d'adaptation. Une raison qui peut expliquer la prise de
conscience tardive de diffuser les documents sous format numérique.
Cependant,
William G.Thomas, soulignent qu'il n'y a pas eu un consensus commun
de la part de tout les historiens, pour certains le numérique
représente une sur-quantité d'informations et par conséquent que
ces dernières soient biaisées.
En
effet, l'information est devenue incontrôlable. Chacun peut se
prétendre être un historien publique qui sans formation ne possède
pas la vision objective du scientifique. Différentes plateformes,
comme Wikipedia ont vu le jour. Le contenu est enrichi bénévolement
par les membres inscrits. Une question se pose alors :
devons-nous prendre en considération ces informations ?
Il
n'est pas aisé de répondre non à cette question. En effet, ces
données sont basées sur des sources, des travaux antérieurs et
parfois réalisés par des étudiants. Bien que la question de la
légitimité des ces plateformes est nécessaire, elle n'est pas
prioritaire.
L'accès
à l'information évolue, elle devient payante en ligne. Alors que
les sites internet privés peuvent se financer à travers des
publicités et rendent gratuit l'accès, le contenu scientifique
reste exhaustif jusqu'à ce qu'un lecteur décide d'en reprendre les
données et de les exporter vers une plateforme en ligne accessible à
tous.
Confrontations des historiens
aux TIC (technologies de l'information et de la communication)
On
est amené à se demander s'il on recherche l'information ou la
connaissance (comme dans un programme scolaire). C'est une
problématique que se pose Thomas Mann dans "The
Peloponnesian War and the Future of Reference, Cataloguing, and
Scholarship in Research Libraries".
C'est
ici qu'intervient le questionnement, la critique et le défi de la
pratique de l'historien vis à vis du désenclavement et de la
démocratisation de l'histoire scientifique.
L'histoire
numérique se défini comme une nouvelle démarche pour examiner et
représenter le passé a travers les nouvelles technologies de
l'information et de la communication. Nous sommes dans une phase
transitoire où deux générations d'historiens co-existe au point
de remettre en considération les méthodes actuelles. Claire
Lemercier, historienne économique réputée, nous témoigne que
depuis ses études à aujourd'hui que ses méthodes de travail ont
changés. Elle estime que Zotero est de nos jours une « révolution »
mais l'outil va bientôt fêter sa première décennie. De plus, dans
son interview
le choc entre les deux générations est évident car elle parle
d'une vague d'historiens « geeks » en devenir. Non, un
geek est un passionné des nouvelles technologies et du multimédia,
cela n'inclus le fait de savoir se servir des nouvelles technologies
d'informations et de communication.
Il
ne s'agit pas d'une révolution, mais plutôt d'un nouveau genre de
pratique scientifique. Avec la vulgarisation de la discipline, il est
difficile pour l'historien numérique de valoriser ses travaux en
ligne sur le plan de la légitimité mais encore de les protéger.
L'histoire
numérique doit être vu comme un changement : les barrières
tombent il n'y a plus de propriété du savoir, la confusion entre
mémoire et histoire s'accentue. L'historien perd sa position
d'autorité unique.
Il
y a une évolution des modes de communications entre chercheurs, au
de là des emails, il existe des forums en ligne. C'est un outil qui
permet de poser des questions de manières asynchrones, ce qui rend
possible de les résoudre à travers un collectif de personnes. Les
forums disposent eux-même d'outils de recherche permettant de
trouver des informations par mots-clés et contourner ainsi de
contourner les offres commerciales des moteurs de recherche comme
google.
Il
se pose aussi la question de authenticité des documents car d'une
version à une autre, ils ont pu être altéré ce qui nécessite une
veille scientifique plus minutieuse. Comment rechercher
l'information ?
Il
y a une part de découverte, on commence avec une numérisation de
masse (par exemple le projet « googling the victorian »)
et ensuite on utilise un moteur de recherche pour trouver
l'information via internet. Il faut garder à l'esprit que l'on
risque de s'affranchir un texte, un ouvrage et de lire par
échantillon. La veille scientifique se passe alors bien plus devant
un écran que devant un livre. On change de support. Néanmoins, une
part de pénombre existe, en effet, il est aujourd'hui impossible de
tout numériser : la principale raison en étant le coût.
Persée,
revue scientifique numérisée, dispose à la fois d'un vaste contenu
mais en même temps limité : droits de publication pour la
période contemporaine par exemple.
Pour
Patrick Leary, consulter une source numérique signifie s'intéresser
à son degré de profondeur dans une logique de lecture booléenne ou
une autre. Pour les néophytes, c'est à dire qu'il ne faut se
familiariser avec le sujet, par exemple, on trouve des résultats
différents pour les mots corsaires et négociant-armateurs qui sont
pourtant un sujet commun. Il arrive que la recherche par mots clés
ne soient pas pertinente en raison des différentes forment de la
recherche qui peut être trompeuse.
Pour
Thomas Mann, les moteurs de recherche ne sont pas conçus pour faire
de la « recherche de la connaissance » mais de trouver un
objectif. À
partir d'un sujet, on peut obtenir plusieurs résultats distincts
basés sur l'indexation, la probabilité et la récurrence du sujet
dans une pages : une quantité importante d'informations et rapide :
26 secondes en moyennes pour 1 million de résultats. Comment
traite-t-on une information comme celle la ? Qui nous dit que la
bonne information est au haut de la liste des choix et non en milieu
de page ? Le moteur trouve ce qui est lié : notion de lien et de
contexte. Il y a néanmoins une alternative avec ces outils on
peut interagir manuellement avec les choix proposés afin d'affiner
nous même la recherche.
De
nos jours nous sommes confrontés à un flux massif de l'information
et cette surcharge conduit à l'étouffement, un manque de prise de
distance et lecture en profondeur. Des essais sont en cours afin
d'adapter les moteurs de recherche aux métiers des historiens comme
Isidore : moteur de recherche français pour les sciences
sociales le but étant de trouver une information plus pertinente que
en quantité. Ou encore H-BOT qui répond aux questions simples qui
lui sont demandées mais il a des limites : il ne peut répondre
aux questions avec « qui est-ce qui? ». Ce dernier est
basé sur une méthode d’échantillonnage.
Nous
avons parler de l'utilisation des données et de l'accès à
l'information mais quant-est-il des droits d'auteur ? Pour Roy
Rosenzweig, historien à la fois utilisateur et producteur, qui est
confronter à cette question, il n'y a pas de protection même du
contenu scientifique car le fair use
des américains (utilisation de cherche dans le but de faire avancer
les siennes par exemple), n'existe pas en droit européen.
Pouvons-nous
faire de l'histoire sérieusement sur Internet ? Pour Carl
Smith, c'est possible à condition d'être reconnu par ses pairs, de
disposer d'une argumentation clair avec un travail original qui est à
la fois responsable et basé sur une historiographie pertinente. A
l'inverse pour Edward L. Ayers, il faut que cette production
scientifique soit encadré. Encore une fois, il y a pas de consensus
des historiens sur la question.
Pour
conclure, l'Histoire en tant que discipline scientifique ne sera
jamais une science fondée sur les moteurs de recherches mais ceux-ci
en sont dès aujourd'hui un usage systématique. Néanmoins, ce ne
sont pas tous les historiens qui sont prêts à s'intéresser aux
outils moderne qui pourraient facilité leurs travail de recherche,
principalement basé sur des apriori ou encore par un purisme du
papier et du crayon. Aujourd'hui, il faut attendre que la nouvelle
génération d'historien fasse preuve des nouvelles méthodes et
nouveaux outils afin que ceux ci soient généralisés. Par
conséquent on peut supposer que d'ici une décennie, le numérique
aura fait progresser la recherche scientifique en histoire.