vendredi 31 janvier 2014

L'histoire numérique : révolution ou évolution de la discipline ?


L'histoire à l'ère numérique est une nouvelle version de la pratique historienne. Les nouvelles technologies de l'informations et de la communication (TIC) sont au cœur du sujet à travers leurs fonctionnements, utilisations et évolutions. Tout au long de ce billet, j'essayerai de donner mon point de vue que les thématiques que nous avons pu étudié lors de nos séances, notamment en m'interrogeant dans quelles mesures internet révolutionne-t-il l'accès à l'information ? Comment l’historien du XXI exploite t'il celle-ci ? Ou encore, comment se confronte-t-il vis à vis des TIC ?

Internet révolutionne-t-il l'accès à l'information ? Comment l’historien du XXI exploite t'il celle-ci ?

A partir des années 80, l'accès, la diffusion et la création de l'information est révolutionné par l'Internet. Pour reprendre la pensée Vannevar Bush, conseiller scientifique du président Roosevelt et chercheur au MIT, l'information c'est comme la science : elle évolue. C'est une progression et celle-ci se fait en même temps que ses moyen de diffusions : du livre à l'internet en passant par la télévision et la photographie. Dans nos sociétés on peut constater que l'accès à l'information n'est plus un problème, en revanche ce qui ce le devient c'est en l’occurrence cette facilité d'accès : quelles en sont les limites et les contraintes dans le cadre d'une production scientifique ?

L'accès est facilité de nos jours certes, mais en ce qui concerne la numérisation des sources antérieure à la période contemporaine, l'accès reste difficile et chaotique. En effet en 1956, Alain Resnais à travers sa réalisation « Toute la mémoire du monde », introduit la nécessité de trouver de nouveaux moyens de stockage et à la fois diffuser l'information. Le reportage met en évidence le côté massif et quantitatif des livres, manuscrits etc.. qui composent la BNF. Il compare les lieux d'entrepôts à une forteresse. Il est estimé qu'en un siècle, on collecte plus de 3 millions d'ouvrages. De plus que la numérisation des sources a également un double enjeu, en effet, celui d'immortaliser des documents amener à se détériorer de par leurs compositions.
Dès les années 60, les historiens veulent donner un nouvel aspect à leur profession par l'utilisation des ordinateurs. William G.Thomas explique dans son article comment l'ordinateur a affecté la discipline mais aussi son enseignement. Le traitement de données devient plus quantitatif mais aussi plus rapide. Une seconde révoltion s'est faite avec Internet, cette fois ce n'est pas la productivité qui est marquante mais la rapidité et l'accès à la diffusion de l'information à travers les hypertextes comme cela est illustré dans les vidéos : The Machine is Us/ing Us, Information R/evolution.
Internet est un usage commun de nos jours mais il a fallut aux scientifiques un temps d'adaptation. Une raison qui peut expliquer la prise de conscience tardive de diffuser les documents sous format numérique.
Cependant, William G.Thomas, soulignent qu'il n'y a pas eu un consensus commun de la part de tout les historiens, pour certains le numérique représente une sur-quantité d'informations et par conséquent que ces dernières soient biaisées.
En effet, l'information est devenue incontrôlable. Chacun peut se prétendre être un historien publique qui sans formation ne possède pas la vision objective du scientifique. Différentes plateformes, comme Wikipedia ont vu le jour. Le contenu est enrichi bénévolement par les membres inscrits. Une question se pose alors : devons-nous prendre en considération ces informations ?
Il n'est pas aisé de répondre non à cette question. En effet, ces données sont basées sur des sources, des travaux antérieurs et parfois réalisés par des étudiants. Bien que la question de la légitimité des ces plateformes est nécessaire, elle n'est pas prioritaire.
L'accès à l'information évolue, elle devient payante en ligne. Alors que les sites internet privés peuvent se financer à travers des publicités et rendent gratuit l'accès, le contenu scientifique reste exhaustif jusqu'à ce qu'un lecteur décide d'en reprendre les données et de les exporter vers une plateforme en ligne accessible à tous.

Confrontations des historiens aux TIC (technologies de l'information et de la communication)

On est amené à se demander s'il on recherche l'information ou la connaissance (comme dans un programme scolaire). C'est une problématique que se pose Thomas Mann dans "The Peloponnesian War and the Future of Reference, Cataloguing, and Scholarship in Research Libraries".
C'est ici qu'intervient le questionnement, la critique et le défi de la pratique de l'historien vis à vis du désenclavement et de la démocratisation de l'histoire scientifique.
L'histoire numérique se défini comme une nouvelle démarche pour examiner et représenter le passé a travers les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Nous sommes dans une phase transitoire où deux générations d'historiens co-existe au point de remettre en considération les méthodes actuelles. Claire Lemercier, historienne économique réputée, nous témoigne que depuis ses études à aujourd'hui que ses méthodes de travail ont changés. Elle estime que Zotero est de nos jours une « révolution » mais l'outil va bientôt fêter sa première décennie. De plus, dans son interview le choc entre les deux générations est évident car elle parle d'une vague d'historiens « geeks » en devenir. Non, un geek est un passionné des nouvelles technologies et du multimédia, cela n'inclus le fait de savoir se servir des nouvelles technologies d'informations et de communication.
Il ne s'agit pas d'une révolution, mais plutôt d'un nouveau genre de pratique scientifique. Avec la vulgarisation de la discipline, il est difficile pour l'historien numérique de valoriser ses travaux en ligne sur le plan de la légitimité mais encore de les protéger.
L'histoire numérique doit être vu comme un changement : les barrières tombent il n'y a plus de propriété du savoir, la confusion entre mémoire et histoire s'accentue. L'historien perd sa position d'autorité unique.
Il y a une évolution des modes de communications entre chercheurs, au de là des emails, il existe des forums en ligne. C'est un outil qui permet de poser des questions de manières asynchrones, ce qui rend possible de les résoudre à travers un collectif de personnes. Les forums disposent eux-même d'outils de recherche permettant de trouver des informations par mots-clés et contourner ainsi de contourner les offres commerciales des moteurs de recherche comme google.

Il se pose aussi la question de authenticité des documents car d'une version à une autre, ils ont pu être altéré ce qui nécessite une veille scientifique plus minutieuse. Comment rechercher l'information ?
Il y a une part de découverte, on commence avec une numérisation de masse (par exemple le projet « googling the victorian ») et ensuite on utilise un moteur de recherche pour trouver l'information via internet. Il faut garder à l'esprit que l'on risque de s'affranchir un texte, un ouvrage et de lire par échantillon. La veille scientifique se passe alors bien plus devant un écran que devant un livre. On change de support. Néanmoins, une part de pénombre existe, en effet, il est aujourd'hui impossible de tout numériser : la principale raison en étant le coût. Persée, revue scientifique numérisée, dispose à la fois d'un vaste contenu mais en même temps limité : droits de publication pour la période contemporaine par exemple.
Pour Patrick Leary, consulter une source numérique signifie s'intéresser à son degré de profondeur dans une logique de lecture booléenne ou une autre. Pour les néophytes, c'est à dire qu'il ne faut se familiariser avec le sujet, par exemple, on trouve des résultats différents pour les mots corsaires et négociant-armateurs qui sont pourtant un sujet commun. Il arrive que la recherche par mots clés ne soient pas pertinente en raison des différentes forment de la recherche qui peut être trompeuse.
Pour Thomas Mann, les moteurs de recherche ne sont pas conçus pour faire de la « recherche de la connaissance » mais de trouver un objectif. À partir d'un sujet, on peut obtenir plusieurs résultats distincts basés sur l'indexation, la probabilité et la récurrence du sujet dans une pages : une quantité importante d'informations et rapide : 26 secondes en moyennes pour 1 million de résultats. Comment traite-t-on une information comme celle la ? Qui nous dit que la bonne information est au haut de la liste des choix et non en milieu de page ? Le moteur trouve ce qui est lié : notion de lien et de contexte. Il y a néanmoins une alternative avec ces outils on peut interagir manuellement avec les choix proposés afin d'affiner nous même la recherche.
De nos jours nous sommes confrontés à un flux massif de l'information et cette surcharge conduit à l'étouffement, un manque de prise de distance et lecture en profondeur. Des essais sont en cours afin d'adapter les moteurs de recherche aux métiers des historiens comme Isidore : moteur de recherche français pour les sciences sociales le but étant de trouver une information plus pertinente que en quantité. Ou encore H-BOT qui répond aux questions simples qui lui sont demandées mais il a des limites : il ne peut répondre aux questions avec « qui est-ce qui? ». Ce dernier est basé sur une méthode d’échantillonnage.
Nous avons parler de l'utilisation des données et de l'accès à l'information mais quant-est-il des droits d'auteur ? Pour Roy Rosenzweig, historien à la fois utilisateur et producteur, qui est confronter à cette question, il n'y a pas de protection même du contenu scientifique car le fair use des américains (utilisation de cherche dans le but de faire avancer les siennes par exemple), n'existe pas en droit européen.
Pouvons-nous faire de l'histoire sérieusement sur Internet ? Pour Carl Smith, c'est possible à condition d'être reconnu par ses pairs, de disposer d'une argumentation clair avec un travail original qui est à la fois responsable et basé sur une historiographie pertinente. A l'inverse pour Edward L. Ayers, il faut que cette production scientifique soit encadré. Encore une fois, il y a pas de consensus des historiens sur la question.


Pour conclure, l'Histoire en tant que discipline scientifique ne sera jamais une science fondée sur les moteurs de recherches mais ceux-ci en sont dès aujourd'hui un usage systématique. Néanmoins, ce ne sont pas tous les historiens qui sont prêts à s'intéresser aux outils moderne qui pourraient facilité leurs travail de recherche, principalement basé sur des apriori ou encore par un purisme du papier et du crayon. Aujourd'hui, il faut attendre que la nouvelle génération d'historien fasse preuve des nouvelles méthodes et nouveaux outils afin que ceux ci soient généralisés. Par conséquent on peut supposer que d'ici une décennie, le numérique aura fait progresser la recherche scientifique en histoire.

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